lundi 16 décembre 2019

Abeilles, runes, chamanisme et guérison.

Abeilles, runes, chamanisme et guérison.
(précisions sur le dernier atelier)
Les dysfonctionnalités d’un système peuvent être guéries par la parole, qui est la première source de liens pour l’homme : liens interpersonnels, liens intra personnels, liens impersonnels. Ces effets considérables de la parole ont amené la conception de dieux devins et poètes, (comme Brihaspati, Orphee, Apollon, Ogmios, Odhinn-Wotan) qui sont donc aussi guérisseurs.
Le niveau linguistique ou interpersonnel est appelé Vaikharī (florissant), le niveau philosophique ou intra personnel est appelé Madhyamā (intermédiaire) , le niveau spirituel ou impersonnel est appelé Paśyantī (intuitif, visionnaire).
Ces trois niveaux du langage sont mis en correspondance avec les états de veille, du rêve, du sommeil et les trois corps (physique, astral, causal) créés par le jeu des guṇa (les trois qualités essentielles : ascendante satva, expansive, rajas substantielle tamas), des cinq éléments, et par Māyā la mesureuse d’illusions.
La śakti ou puissance matricielle de tous les phonèmes relève du niveau de Paśyantī, avant le silence du "quatrième", Parāvāk, racine du Logos. La déesse, qui est aussi toutes les lettres de tous les mantras, représente la masse des sons synthétisée dans ce silence.
Quand le discours sur le monde se substitue à la réalité du monde, les états surimposés prétendent être réels. Ils cachent le quatrième, non causal, naturel, le verbe suprême non proféré.
Le silence de l’Angerona romaine permet de traverser les angusti dies, les « jours étroits » de la période du solstice d’hiver.
Dans les religions nordiques, le silence de Víðarr, l’« Ase silencieux », permet de triompher du loup Fenrir lors du Crépuscule des dieux germano-scandinave, après la nuit du Grand Hiver.
Dans la mythologie celtique d'Irlande, c’est sans proférer aucune parole que les Irlandais Túan Mac Cairil et Fintan accomplissent leur traversée des grands cycles temporels sous différentes formes animales.
La principale source de transformations dans la nature, le feu, ne doit surtout pas être négligée.
Le feu est à la fois générateur, purificateur, destructeur, transformateur. Il est la forme terrestre du plasma solaire, cela est vrai non seulement symboliquement mais aussi scientifiquement, car tout combustible fossile et tout comburant sont bien de l’énergie solaire accumulée d’une façon ou d’une autre grâce à la photosynthèse.
Les strates les plus anciennes de la mythologie indo-européenne révèlent l’existence de deux feux :
Le premier est le feu brillant, (*egnis) la flamme, qui a donné le nom du feu dans de nombreuses langues, tel "agnis" en hittite, "agni" en sanskrit, "ignis" en latin, "ugnis" en lituanien, "ognis" en letton, etc. C’est ce feu qui était considéré comme l’intermédiaire ou l’intercesseur entre les hommes et les dieux.
Le second est le feu sombre, (*âter) le feu des volcans et de la braise qui anime les forges. Cette racine a donné notamment le nom avestique du feu "âtarsh" devenu "âtesh" en persan moderne, le nom indo-iranien des prêtres du feu "atharvan", le vieux perse "athriyâdiya" la religion du feu, le nom d’une divinité du feu représentée avec un marteau et des tenailles chez les Scythes, "Athsho" , le latin "âter" signifiant noir, sombre, couleur de charbon, et "âtrium", qui a donné le français "âtre" :le foyer.
Ce dernier feu a le pouvoir transformateur le plus important, il est associé à la fabrication des métaux, des poteries, et aux transformations alchimiques. C’est pourquoi tout rituel efficace de magie et de guérison fait intervenir le feu, sous ses deux formes, la flamme qui éclaire, et le charbon ardent qui chauffe.
Il est aussi indispensable de composer un poème, ou des "paroles solennelles" par lesquelles le souhait s'exprime. Cette dernière opération est une constante dont l'importance n'est pas souvent soulignée. Il ne suffit pas d'ânonner un abracadabra, il faut laisser la poésie vous imprégner et exprimer en formules solennelles (mais non emphatiques) ce que vous désirez. Ceci est très difficile.
Exemples non limitatifs de Poèmes, Verbes dits ou non-dits (mantras) auquels l’on peut associer la rune Wunjo,
puis la brûler ou la réduire en poudre et la lier au miel ou à l’hydromel et la consommer.
Pique et pique, maladie,
Que trois fois le tonnerre de Brigid te frappe.
Pique en piquant, piqueuse,
Que neuf fois le tonnerre de Brigid te frappe.
Pique en perçant, piqueuse,
Que trois fois neuf fois le tonnerre de Brigid te frappe.
etc
Ou :
De bonne heure, je me lève,
De rosée amère, je me lave,
Au soleil, je m'adresse,
Je glorifie les dieux.
Maladies face à moi,
Allez dans les arbres secs,
Les marécages profonds,
Là où nul homme ne marche,
Là où nul animal ne patauge,
Là où nul oiseau ne vole.







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