lundi 16 décembre 2019

Audric de Campeau – le Miel de Paris


Audric, merci de nous accorder cet interview. L’apiculture est un sujet très intéressant et je suis certain que nos lecteurs chez Apis Cera voudraient en savoir d’avantage !
Peux-tu nous donner ton âge et ta situation géographique ?
Audric de Campeau: J’ai 30 ans et j’habite entre Paris et la Champagne.
Et à quel âge as-tu commencé l’apiculture ?
J’ai commencé l’apiculture il y a une dizaine d’années en Champagne, dans la propriété de mes parents. Une ruche, puis deux, puis cinq : très vite je me suis passionné pour l’activité apicole et suis devenu un grand amoureux et protecteur des abeilles ! J’ai pensé débuter l’apiculture en observant mes vignes, mon potager biologique et mon arboretum que je commençais alors. Très intéressé par tout ce qui concerne la nature (botanique, ornithologie, astronomie, etc.), débuter l’apiculture était une suite logique et captivante après les légumes, le Champagne, et les arbres !
Combien de ruches as-tu actuellement et combien en avais-tu au début ?
J’ai donc commencé avec une simple ruche à la campagne et maintenant une dizaine, dont 7 ruches au cœur de Paris!
Combien d’abeilles sont dans tes ruches ?
Les parisiennes sont en coloc de 60000 butineuses environ en période estivale !
Quelle est ta partie favorite dans l’apiculture ?
J’aime tout le rituel qui précède l’ouverture de la ruche (habillage en tenue, préparation de l’enfumoir avec la paille qu’on roule en boule, etc.), j’aime la surprise à chaque ouverture de ruche (les cadres sont couverts de propolis (ou non !), les abeilles sont très nerveuses ou toutes tranquilles, le sucre a été dévoré ou complètement ignoré) : en apiculture, on ne prévoit que 30% du travail, le reste ce sont les abeilles, le climat et les saisons qui décident pour nous ! L’apiculture c’est un art, un métier, avant d’être une science.
J’aime également, dans l’apiculture à Paris, cette parenthèse champêtre et hors du temps qui est magique : enfiler ma tenue d’apiculteur sur les toits du Musée d’Orsay, de l’Ecole Militaire, avec vue plongeante sur la Tour Eiffel, descendre dans les douves de l’Hôtel des Invalides, prendre un « bain d’abeilles », d’odeurs de miel et de propolis, puis remonter et reprendre mes habits civils… Le contraste est détonnant !
J’aime aussi étonner les passants et touristes qui me surprennent parfois en habit de cosmonaute en train de travailler sur mes ruches… qui réalisent souvent alors leur photo souvenir de Paris vraiment unique et inoubliable!
Venir voir mes filles, c’est en fait ma « pause campagnarde hebdomadaire » indispensable dans cette ville magnifique, mais tout de même très stressée. Une heure de détente ou j’oublie la ville.
J’aime moins… les mauvaises surprises, les aléas climatiques qui empêchent les abeilles de travailler (au printemps 2013, elles ne sont presque pas sorties butiner à cause de la pluie incessante), les essaims qui partent en pleine ville, et qu’il faut rattraper !
N’as-tu pas peur de te faire piquer ?
Les abeilles ne piquent pas quand elles sont occupées et quand on les prévient bien de notre arrivée avec l’enfumoir… J’exploite une race sélectionnée pour sa douceur l’abeille Frère Adam, ou Buckfast. En ville c’est vraiment plus que recommandé! Donc, non, je n’ai pas cette appréhension mais je me protège parfaitement (tenue, gants, grosses chaussettes) et j’ai plus peur pour les autres, quand des non-initiés m’accompagnent… On ne sait jamais s’ils sont allergiques aux piqûres !
Mais à vrai dire, je pense que c’est une bonne chose que l’apiculteur se fasse piquer : c’est comme ça qu’il apprend! Les abeilles piquent en masse suite à une erreur ou une intervention trop longue. Et puis elles ont bien le droit de défendre leur merveilleuse production, même si je prélève cette « taxe de loyer » que de manière raisonnable, et contre gîte, soins, et couvert, si elles sont dans le besoin !
Es-tu témoin d’effondrement des colonies dans ta région ? Tes ruches souffrent de ce désastre ?
En ville, nous sommes apparemment beaucoup moins concernés par ce problème de CCD (Syndrôme d’effondrement des colonies). Probablement pour une raison principale : il n’y a pas de pesticides à Paris. Le CCD semble être multifactoriel, et l’absence de traitements chimiques sur champs de colza ou tournesol leur retire déjà une grosse épine de la patte ! (CF: article) J’ai apparemment peu de problème en Champagne aussi. Mais j’ai trop peu de ruches pour avoir un avis scientifique, objectif et quantifié. Quand je perds une ruche c’est souvent un problème de force de la colonie et de nourriture avant l’hiver.
Quel type de fleurs, arbres ou plantes s’offrent à vos charmantes abeilles ?
Tilleuls argentés, sophoras du Japon, marronniers d’Inde, orangers du Mexique, noisetiers, romarins, mahonias… Paris, grâce à ses jardins publics et privés, ses grandes avenues arborées, offre une très grande variété d’arbres et de fleurs, indigènes et exotiques, bien plus étendue qu’on aurait tendance à imaginer. Ce qui permet une floraison riche et permanente tout au long de la saison. Pour plus d’informations, vous pouvez consulter la page Botanique de mon site !
Quel est ton type de miel favori ?
Les miels au nez puissant de fruits rouges macérés, avec une pointe de menthol et à la couleur dorée… Le Miel de Paris en fait ! J’aime aussi les miel de garrigue et romarins qu’on trouve en Provence.
Autre chose ?
NON, le Miel de Paris n’est pas pollué, confirmation par les laboratoires!! Le nectar sort pur du nectaire de la fleur, et immédiatement butiné, pas le temps d’être contaminé par les gaz d’échappement ou autres. L’abeille est filtre de son environnement, et il se trouve que le miel est plus pur que dans les zones d’agriculture intensives. Merci de ne pas m’avoir posé la question d’ailleurs ! 







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