Des Gaulois de l’Antiquité aux Bretons du Moyen Age, les sociétés celtiques ont accordé une grande importance aux abeilles, tout comme au miel et à l’hydromel.
La place de choix faite aux abeilles pouvait s’expliquer à travers le fruit de leur production, le miel, qui était apprécié par les populations celtiques. Le miel était une denrée très prisée de tous les peuples de l’Antiquité et qui présentait de nombreux intérêts. Il était particulièrement approprié au stockage et fournissait une alimentation indispensable pendant les mois d’hiver. Produit de la ruche, le miel proposait l’avantage d’être facilement accessible, peu coûteux et possédait un fort pouvoir sucrant. A ce propos, il faut se souvenir que le miel a pendant longtemps constitué la seule substance sucrante dans l’Europe occidentale, aussi bien pour l’alimentation que pour la préparation des médicaments. D’autres éléments sucrants seront ensuite disponibles, comme le sucre de canne, importé de l’Europe de l’Ouest à partir du XIIe siècle, et le sucre de betterave qui se popularisera des siècles plus tard.
Chez les populations celtiques, le miel était consommé seul ou utilisé comme ingrédient. En Gaule romaine, il occupait une place importante dans la cuisine pour la confection de pâtisserie ou l’élaboration de sauces destinées à accompagner gibier, volaille ou poisson ; il servait également à la conservation des fruits et viandes. En Irlande, on s’en servait comme agent édulcorant dans le brassage de la bière et la préparation de denrée quotidiennes, comme celle du pain de blé.
La place de choix faite aux abeilles pouvait s’expliquer à travers le fruit de leur production, le miel, qui était apprécié par les populations celtiques. Le miel était une denrée très prisée de tous les peuples de l’Antiquité et qui présentait de nombreux intérêts. Il était particulièrement approprié au stockage et fournissait une alimentation indispensable pendant les mois d’hiver. Produit de la ruche, le miel proposait l’avantage d’être facilement accessible, peu coûteux et possédait un fort pouvoir sucrant. A ce propos, il faut se souvenir que le miel a pendant longtemps constitué la seule substance sucrante dans l’Europe occidentale, aussi bien pour l’alimentation que pour la préparation des médicaments. D’autres éléments sucrants seront ensuite disponibles, comme le sucre de canne, importé de l’Europe de l’Ouest à partir du XIIe siècle, et le sucre de betterave qui se popularisera des siècles plus tard.
Chez les populations celtiques, le miel était consommé seul ou utilisé comme ingrédient. En Gaule romaine, il occupait une place importante dans la cuisine pour la confection de pâtisserie ou l’élaboration de sauces destinées à accompagner gibier, volaille ou poisson ; il servait également à la conservation des fruits et viandes. En Irlande, on s’en servait comme agent édulcorant dans le brassage de la bière et la préparation de denrée quotidiennes, comme celle du pain de blé.
Depuis très longtemps, on a reconnu au miel des vertus curatives, grâce à ses qualités antiseptiques. Il est ainsi utilisé pour empêcher l’infection de brûlures, blessures, etc. Sa consommation est aussi un moyen d’aider un malade à retrouver ses forces, car le miel contient des glucides qui fournissent de l’énergie.
Le miel figure justement dans un traité légal irlandais sur l’entretien des malades, intitulé Bretha Crolige, « Jugements concernant l’alitement sanglant » (VIIIe siècle). On y trouve tout d’abord la liste de trois ingrédients qui ne doivent pas être administrés à un malade : le poisson ou la viande fumés avec du sel de mer ; la chair de baleine et de cheval ; le miel en raison des diarrhées qu’il provoque – sans doute à cause de sa haute acidité. Mais le même traité se contredit un peu plus loin, en indiquant que le miel, l’ail frais et le céleri sont appropriés pour guérir les personnes nobles de haut rang ! Les bienfaits du miel sont reconnus dans d’autres traités légaux, comme les Bechbretha : si l’un des quatre voisins immédiats d’un propriétaire d’abeilles est malade, alors ce dernier doit lui fournir du miel. Enfin, plusieurs remèdes médicaux utilisant le miel figurent dans un manuscrit du Ixe siècle conservé à Leyde, qui a la particularité d’être écrit en latin et en vieux breton : pour recouvrir une plaie, il est conseillé d’appliquer toute une série d’herbes et de plantes, mais aussi de la racine d’if qui préparée avec du beurre et du miel ; on utilise aussi le miel dans la préparation d’un cataplasme pour le visage ; pour soulager une morsure de chien, on prépare des oignons dans de la cendre avec de la graisse et du miel.
Le miel avait également un fort intérêt économique. Les lois galloises nous enseignent qu’un vilain n’était pas autorisé à vendre un cheval, un porc ou du miel, sans la permission de son seigneur. Ce qui assurait ainsi à ce dernier le contrôle du commerce du miel. Dans la Bretagne médiévale, ce commerce constituait une source importante de revenus pour les monastères. D’ailleurs, des redevances étaient même payées en miel. La cartulaire de l’abbaye Sainte-Croix de Quimperlé (Finistère), rédigée au début du XIIe siècle, nous apprend qu’un domaine foncier pouvait parfois s’estimer en fonction de la quantité de miel qu’il était capable de produire.
Passons maintenant à la question de l’hydromel, cette boisson issue de la fermentation de miel, d’eau et de levures. L’apparition de l’hydromel remonte à une période très ancienne, et sa production se faisait avant même que l’homme ne commence à élever des abeilles. Il fut sans doute la première boisson alcoolisée consommée par les humains, avant le vin !
Les peuples celtiques anciens étaient réputés pour leur consommation d’hydromel qui fut considéré comme une boisson de prestige, et ce pour plusieurs raisons. Le vin et la bière dépendaient quasi exclusivement du travail de l’homme par la culture de la vigne et de l’orge ; mais pour l’hydromel, l’affaire était plus complexe, car l’homme était dépendant des abeilles, mais aussi de l’interaction de celles-ci avec les plantes à fleurs. De plus, la fermentation du miel et de l’eau était une opération assez difficile à mener. Et comme les abeilles n’ont été domestiquées que tardivement, le miel utilisé pour produire l’hydromel à la période de Hallstatt (VIIe-Ve siècle avant Jésus-Christ) provenait de ruches sauvages ; l’extraction était, dès lors, une activité complexe qui demandait beaucoup de temps. L’hydromel devait enfin son caractère vénérable à sa couleur jaune pâle ou jaune doré que les poètes – notamment gallois – ont comparé à l’éclat du soleil, de la lune et des étoiles. Tous ces éléments ont donc très certainement contribués à faire de l’hydromel un produit rare et luxueux, qui fut très probablement consommé uniquement par les élites lors des grandes occasions.
Le plus ancien témoignage de l’utilisation de l’hydromel chez les Celtes nous vient de la tombe princière d’Hochdorf (commune d’Eberdingen, Bade-Wurtemberg, Allemagne). Ce site exceptionnel, remontant à environ 530 avant Jésus-Christ, appartient à la période du Hallstatt tardif. Au centre du tumulus a été découvert une chambre funéraire, composée d’un très riche mobilier, en particulier d’un grand chaudron en bronze – de manufacture méditerranéenne – accompagné d’un service à boisson placé au pied du prince défunt. A l’intérieur de ce chaudron, on a retrouvé de grande quantité de cire et de pollen en haute concentration. D’après le résultat des analyses de pollen, la quantité d’hydromel relevée dans le chaudron aurait requis une année de fermentation avant de pouvoir être consommée. Cette durée est vraiment intéressante, car elle se retrouve souvent dans les récits irlandais et gallois qui traitent des relations entre le monde des humains et l’Autre Monde divin : fréquemment, un héros revient d’un séjour de l’au-delà un an après son départ ; ou bien une déesse peut rendre plusieurs visite à un humain avec un an d’intervalle. Concernant Horchdorf, l’année nécessaire à la fermentation de l’hydromel exprimait-elle la durée d’attente avant que le prince défunt ne puisse accéder à l’Autre Monde ? En tout cas, les informations tirées de ce chaudron certifient que l’hydromel était une boisson consommée depuis longtemps par les Celtes, et que cette boisson était associée à l’aristocratie royale et aussi certainement à l’Autre Monde.
Ces deux dernières caractéristiques se retrouvent également chez les Celtes insulaires. Dans les traditions légendaires irlandaises, les rituels d’intronisation du nouveau roi étaient liés à son mariage avec la reine. A cette occasion, elle lui remettait une boisson qui pouvait être de la bière ou de l’hydromel. Une figure légendaire d’envergure est la reine Medb qui, par ses nombreux mariages, incarne la souveraineté par excellence. Or son nom s’explique par la racine *médhu-, le nom indo-européen de l’hydromel. Autrement dit, Medb représente le principe de souveraineté et la boisson, ici l’hydromel que devra consommer son nouvel époux. La littérature irlandaise confirme également le lien entre hydromel et Autre Monde. Dans les descriptions de cet endroit merveilleux, toute une série de motifs reviennent fréquemment comme celui de la pomme, des oiseaux, des femmes ravissantes, des banquets, mais aussi du miel coulant en grande quantité, du bourdonnement des abeilles et de la cuve d’hydromel inépuisable.
Dans les traditions galloises, l’hydromel est également une boisson consommée lors des festins. C’est le cas dans les poèmes élégiaques – c’est-à-dire de caractère plaintif ou mélancolique – du Y Gododdin. Ce récit archaïque, dont les parties les plus anciennes remontent au VIIe siècle, relate les événements les événements liés à la bataille de Catraeth, qui aurait opposé les hommes de Mynyddog, seigneur du peuple de Gododdin, à Urien de Rheged, allié aux Anglais de Deira. Pendant une année, Mynyddog a entretenu ses guerriers avec un grand banquet, où l’on consommait de l’hydromel jaune, doux et clarifié ; en retour, les guerriers devaient combattre pour leur seigneur avec une fidélité infaillible, jusqu’au péril de leur vie. Cette pratique portait le nom de talu medd, « le paiement d’hydromel ».
Les lois médiévales galloises montrent également que la fabrication et la consommation d’hydromel concernaient la haute société. Parmi les redevances alimentaires (gwestfa) qu’un vilain libre devait au roi, il y avait une cuve d’hydromel d’environ un mètre de long sur un mètre de large ; s’il n’était pas en mesure de lui fournir ce présent, le vilain devait à la place donner deux cuves de bragwad – une bière brassée avec du miel – ou quatre cuves de bière. Par ailleurs, le brasseur d’hydromel, appelé medyd, avait le privilège de figurer parmi les vingt-quatre officiers présents à la cour du roi.
Si l’hydromel a été consommé par les peuples celtiques de l’Antiquité et du Moyen Age, il n’a pas connu partout la même destinée. Ainsi les élites celtiques de la période laténienne (Ve-Ier siècle avant Jésus-Christ) ont, au contact du monde méditerranéen, abandonné progressivement cette boisson au profit du vin. Les Grecs et les Romains avaient depuis un certain temps privilégié le vin à l’hydromel, principalement pour des raisons économiques : le raisin – mais aussi les céréales pour la bière – avait un coût inférieur à celui du miel ; la viticulture permettait de produire de grandes quantités de vin, par rapport à la capacité de production plus limitée de miel par les abeilles. Avec le développement du commerce entre les populations celtiques et le monde méditerranéen, le vin est devenu plus facilement accessible et a commencé à remplacer l’hydromel comme boisson de prestige auprès des élites
Pareille innovation n’a pas eu cours chez les Celtes insulaires. A la différence du bassin méditerranéen qui a vu l’expansion de sa population, de l’urbanisation et de l’agriculture, le nord de l’Europe est resté beaucoup plus rural avec une population clairsemée, ce qui constituait un milieu beaucoup plus favorable à l’habitat des abeilles et donc à la production d’hydromel. Bien que restant coûteux et essentiellement consommé par les élites, l’hydromel a conservé son rang de boisson de prestige en Irlande, en Grande-Bretagne, tout comme dans les pays germaniques."
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