Les trois premiers mois de l’année civile ne marquent ni la
fin de la saison précédente ni le début de la prochaine.
Ce sont simplement des mois pendant lesquels les abeilles
sont peu actives.
Il en va de même pour les apiculteurs au rucher.
C’est le lien, plus ou moins long suivant les régions, qui
relie une saison à l’autre. On ne peut dire que les abeilles sont en
hibernation.
Elles sont en hivernage, c’est à dire souvent recluses à
l’intérieur de la ruche car les températures extérieures souvent trop basses ne
leur permettent pas de sortir et que la nature ne leur offrant rien elles se
contentent des réserves de miel et de pollen amassées aux beaux jours.
Au cœur de la grappe la vie de la colonie n’est pas
suspendue. Il suffit pour s’en rendre compte de toquer à l’entrée pour entendre
en réponse le bruissement des abeilles.
C’est d’ailleurs l’un des plaisirs que peut s’offrir
l’apiculteur à cette période. Les abeilles hivernantes sont resserrées en une
grappe plus ou moins dense selon les conditions extérieures et entretiennent au
cœur de celle-ci une température compatible avec la vie des habitants : 15 à 25
°C en l’absence de couvain et 35 à 36°C en présence de couvain et ceci quelles
que soient les températures extérieures.
Il n’est donc pas rare d’observer des écarts allant jusqu’à
50°C entre le cœur de la grappe et l’air ambiant.
Ces abeilles d’hiver, différentes de celles à la vie plus
courte qui s’épuisent le reste de l’année, entretiennent la reine, les larves
et les nymphes, régulent la température, gèrent les provisions et les déchets
en attendant le renouveau de la nature.hiver_3
Il va de soi que pour l’essentiel ce qui se passe pendant
cette période dépend des conditions de mise en hivernage de la colonie, c’est à
dire des conditions de vie de la colonie depuis la fin de l’été précédent :
l’état sanitaire, l’âge de la reine et sa fécondité, la quantité d’abeilles
aptes à résister à l’hiver, la qualité et la quantité des provisions de miel et
de pollen.
Quoi qu’il en soit, la colonie d’abeilles est adaptée à
l’hivernage et aux températures basses du climat continental. La
consommation de miel qui est la seule source d’énergie n’est pas aussi
importante qu’on pourrait le supposer.
En l’absence de couvain (du 15 novembre au 15 janvier
certaines années) un gros kilogramme par mois leur suffit mais dès la reprise
de la ponte la consommation augmente progressivement.
Plus l’hiver est clément plus les abeilles sont actives,
plus la ponte est précoce et abondante et plus la consommation est importante.
C’est pourquoi bon nombre de colonies passent aisément le cap de janvier et
peuvent manquer de provisions fin février.
C’est bien sûr à cette période qu’il faut être le plus
vigilant. Les apiculteurs qui ne sont pas sûrs de l’importance des réserves de
leurs colonies se doivent de pratiquer une pesée vers le 15 février en plaine
afin de repérer les ruches qui arrivent au bout de leurs réserves.
En-dessous de 25 kg une dadant pastorale 10 cadres doit
absolument être supplémentée avec du candi jusqu’aux premières rentrées de
nectar (pissenlits, saules, merisiers).
Ceci est le seul travail sur les ruches que doit effectuer
l’apiculteur pendant cette période hormis une surveillance régulière des
ruchers afin de prévenir les dérangements occasionnels, ainsi que le traitement
hivernal contre les varroas, car dans un rucher bien exploité tout ce qui peut
améliorer les conditions d’hivernage des abeilles a été mis en œuvre dès la
visite d’automne (nourrissement, isolation, réduction des entrées, mise en
place des partitions, réunion des colonies trop faibles, traitement d’été
antivarroas…).
Si des déplacements de ruches doivent être effectués pendant
l’hiver il faut veiller à ne pas opérer par des températures trop basses afin
que la grappe puisse se reconstituer sans peine.
Si ces déplacements sont sur de courtes distances il faut
veiller à ce que les abeilles aient subi une période de claustration supérieure
à trois semaines, ce qui est rare dans notre région.
Traitement hivernal de la varroase à l’acide oxalique
Il est recommandé car efficace en acide oxaliquel’absence de
couvain, ce qui est souvent le cas dans notre région en décembre et début
janvier.
Il est facile à mettre en œuvre et peu onéreux. De plus une
minute suffit pour traiter une colonie et il est inutile de le répéter.
Néanmoins quelques précautions sont à observer :
40 g d’acide oxalique par litre de sirop 50/50.
Le sirop doit être appliqué tiède sur les abeilles grappées
par dégouttage entre les cadres.
La dose de 50 ml par ruche n’est que théorique ; en fait on
utilise généralement entre 20 et 35 ml suivant la grosseur de la grappe.
Il faut veiller à ce que la journée du traitement et la nuit
qui suit ne soient pas trop froides afin que la grappe perturbée puisse se
reconstituer convenablement.
La perturbation doit être minimum (peu d’enfumage et
rapidité d’exécution).
Le nourrissement hivernal
Il n’est pas conseillé hormis en cas de disette bien sûr.
Il occasionne une dépense d’énergie de la part des abeilles
qui ainsi voient leur vie écourtée mettant en péril le redémarrage printanier.
Le nourrissement stimulant de début de saison n’est pas
conseillé avant le 15 mars au plus tôt dans notre région.
Si les abeilles restent discrètes durant la période hivernale
il n’en est pas pour autant exceptionnel de les voir s’activer brièvement lors
de belles journées ensoleillées ou par vent du sud.
Elles profitent de ces quelques degrés pour effectuer un vol
de propreté (les abeilles ne défèquent pas normalement à l’intérieur de la
ruche) et pour sortir les cadavres accumulés sur le plancher ainsi que les
débris divers. C’est pourquoi il n’est pas anormal d’observer des accumulations
d’abeilles mortes devant les ruches après ces périodes plus douces.
Lorsque les temps de claustration sont trop longs il n’est
pas rare d’observer des traces de diarrhée sur les toits et les façades lors du
vol de propreté.
La qualité des réserves d’hivernage prend alors toute son
importance : certains miels produisant plus de déchets comme les miellats par
exemple.
Ces conditions climatiques, parfois accentuées par un
emplacement de rucher peu favorable, peuvent favoriser la mosémose de plus en
plus fréquente.
Si janvier, février et mars ne nécessitent que peu de
présence auprès des abeilles l’apiculteur n’en est pas pour autant au repos.
L’entretien des ruchers d’hivernage et de transhumance l’occupe forcément un
peu. La fonte des opercules est une belle activité d’hiver car les abeilles ne
sont pas attirées par les effluves de miel.trempage
La fabrication du candi, utile pour les colonies légères et
les nucléis nécessite souvent une petite révision quant au tour de main et au
proportions à respecter.
L’entretien du matériel, la fabrication des cadres, des
ruches etc.
Ce sont aussi des activités qu’il faut mener à bien avant la
visite de printemps fin mars qui marquera symboliquement pour l’apiculteur le
début de la saison.
Parmi ces activités de bricolage il en est une qui vous est
proposée par l’Abeille du Forez. Il s’agit de la séance de trempage des ruches
dans la cire microcristalline.
Ce procédé permet, rapidement et à faible coût, de protéger
les corps, les hausses ainsi que les nourrisseurs en bois pour de nombreuses
années.
A cette occasion vous pouvez aussi donner une nouvelle vie aux
vieux cadres en les traitant dans un bain de soude chaude qui dissout cire et
propolis.
La période d’hiver est aussi la plus propice à la réflexion
et aux projets, à l’approfondissement de ses connaissances, aux échanges entre
apiculteurs.
C’est l’instant de tous les espoirs quant à la saison à
venir et de l’impatience qui amène à la première visite de printemps.
Mais c’est avant tout, depuis le solstice d’hiver,
l’agréable sensation éprouvée à la perception de tous ces indices qui annoncent
la reprise de l’activité ; les jours qui grandissent, les chatons du noisetier
qui s’allongent et s’épanouissent parfois dès le 15 janvier comme cette année
et enfin les premières rentrées de pollen.
Marc FOUGEROUSE
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