Lorsqu’il ne s’agit pas d’une adaptation de Bee
Movie ou de Maya, on ne peut pas dire que l’abeille est
très représentée dans le monde du jeu vidéo. Mais aujourd’hui, le studio
polonais Varsav corrige ce manque avec Bee Simulator.
Dans le genre « simulation » on trouve de tout ! Du chauffeur de
poids-lourds aux chèvres, en passant par les conducteurs de bus, pilotes de
ligne, ambulanciers, maires… Si vous aimez le genre, on ne va pas vous
apprendre que vous trouverez forcément LE simulateur répondant à votre passion.
À plus forte raison si vous jouez sur PC !
Tout fait-il l’objet d’un « simulator » ?
Non, car tel un village gaulois, les abeilles résistent encore ! Et pour
trouver un simulateur de nos chers hyménoptères, il va falloir se lever de
bonne heure ! Enfin… Ça, c’était la réalité jusqu’à ce que le studio
polonais Varsav Game Studios ne se penche sur la problématique de nos
ouvrières fabricantes de miel.
Et puisqu’on en parle, sachez que Bee
Simulator est désormais disponible sur consoles (PS4, Xbox One et
Switch), ainsi que sur PC ! Et au regard du nombre de jeux qui mettent nos
abeilles en valeur… Si vous êtes fan d’apiculture, inutile de bouder votre
plaisir plus longtemps !
L’abeille fait le buzz
Mais au fait, de quoi va nous parler le jeu ?
Franchement ! Arrivés à ce point de l’article, vous vous posez encore la
question ? Comme son nom l’indique, Bee Simulator est
un simulateur de vie d’abeille. Il débute alors que vous venez tout juste de
sortir de votre état larvaire. Vous avez désormais des ailes. Et sans perdre de
temps, vous allez devoir apprendre les rudiments d’une vie d’abeille, avant que
votre reine (et mère) ne vous attribue la fonction d’ouvrière.
Autrement dit, votre mission va consister à récolter
du pollen, et à le rapporter à la ruche. Dans la quête principale, d’autres
missions viendront apporter un peu de rythme et de variété à un jeu qui,
jusqu’à présent, pourrait sentir l’ennui à plein nez. Mais un jeu qui respire
aussi la contemplation, lorsqu’une virée en mode libre vous permet d’explorer
la map, ses habitants (humains qui s’expriment en langage Sims et
animaux)… Ou ses environnements colorés et détaillés… Mais surtout à une autre
échelle, que l’on n’a pas l’habitude de voir dans un jeu vidéo.
Simulateur est un bien grand mot ! Car pour coller aux
exigences du marché du jeu vidéo, le titre évacue tous les aspects barbants
d’une vie d’abeille. Ainsi, par exemple, récolter du pollen consiste à passer
dans des bulles au-dessus des fleurs. Et la vie de votre abeille ne sera jamais
menacée après qu’elle ait planté son dard (car comme vous le savez peut-être,
contrairement à la guêpe, l’abeille meurt lorsqu’elle pique, laissant son dard
et la moitié de ses intestins dans sa victime)…
Car ce sont bien les plus jeunes qui sont ciblés ici.
En témoignent les différents items que vous pourrez débloquer contre des points
de connaissance. Comme des statuettes d’animaux ou des skins pour votre
abeille. Pas très réaliste, mais amusant. Et un peu de collectionnite n’a
jamais fait de mal à personne !
De bonnes idées
Le jeu de Varsav ne manque pas de bonnes idées ! Et
ici, je note par exemple la vue à facettes de votre abeille qui vous
permet de différencier les types de fleurs, donc de pollen. Elle
s’active à votre demande, et pose un filtre bleuté qui vous démontrera que tous
les animaux ne perçoivent pas le monde comme le font les humains. Mais qui vous
indiquera surtout le pollen de meilleure qualité.
Autre idée géniale : le mode multijoueur ! Car oui,
contrairement à la grande majorité des jeux contemporains, Bee
Simulator vous propose du multijoueur local en écran splitté. Un
choix devenu tellement rare que l’on se sent aujourd’hui obligé de le signaler
lorsque c’est le cas ! Une approche qui invite au jeu en famille, qui permettra
aux parents d’expliquer le monde des abeilles aux plus petits.
Pour rester sur cette ligne, les différents défis proposés
misent sur le fun, avant de viser l’ultra-réalisme de la vie d’une ruche. Des
épreuves de danses (bien que l’on sache que la « danse » ait une
importance considérable dans la communication entre les abeilles… Derrière son
aspect naïf, Bee Simulator tape plus juste qu’on ne le pense),
ou des courses contre-la-montre… Ou encore les nombreuses fiches sur les
espèces que vous côtoyez dans le parc… Les bonnes idées ne manquent pas.
Il est juste dommage que toutes ces bonnes intentions
soient trop timides, n’aillent pas plus loin, plus en profondeur, afin d’éviter
la répétitivité latente des missions. Certes, vous pouvez parfois zapper les
défis pour les refaire une fois l’histoire terminée, en mode libre. On peut
classer ces défis en cinq catégories, en fonction de la couleur de la pastille
qui les matérialise sur la map :
- Bleu :
courses en contre-la-montre
- rouge :
combat
- rose :
danse
- vert :
récolter du pollen
- orange :
piquer une brute.
C’est pas demain l’abeille !
Jusqu’à présent, le jeu a tout pour plaire. Mais comme
beaucoup de titres développés avec peu de moyens, il va vite dévoiler ses
limites, ses défauts. Et le plus gros, le plus préjudiciable selon moi, est sa
durée de vie. Puisque, à tout casser, et en traînant un peu, il va vous falloir
environ trois bonnes heures pour admirer le générique de fin du mode histoire.
Cette durée de vie chétive peut hélas être associée à
un manque indéniable de challenge. Et une fois le jeu terminé, il ne vous
restera plus que la possibilité de contempler les paysages en vagabondant. Et
refaire éventuellement les défis loupés. Dommage que les développeurs n’aient
pas ajouté plus de défis, plus d’objets à collectionner que ceux déjà présents…
Histoire de vous obliger à replonger dans Bee Simulator. Et au
final, revenir glander en mode libre est très sympathique, mais le joueur
décroche très vite, avec cette impression qu’il n’y a rien à faire si ce n’est
crever les ballons. Et ce ne sont pas les quelques skins qui vous manqueront à
la fin qui vont vous faire accrocher pendant des heures.
S’il est un autre point qui pourra décevoir, c’est la
jouabilité de Bee Simulator. Car les commandes au stick sont trop
rigides, et la caméra s’emballe trop facilement. La plupart du temps, jouer de
manière approximative fait le café et permet d’avancer. Mais lorsqu’un défi
vous impose plus de précision, ça coince ! Ainsi, je me souviens par exemple de
cette mission consistant à faire la course avec une autre abeille, en plein
Central Park… Sans se laisser distancer, et en passant des check-points précis.
J’ai tellement loupé cette mission par soucis de physique du jeu (votre abeille
rebondit sur les éléments du décor), et à cause de la caméra totalement folle,
que j’en ai ragé (chose que je ne m’attendais absolument pas à faire dans
ce Bee Simulator en apparence si pépère) !
En réalité, la jouabilité change selon le mode de
difficulté choisi. Ainsi, en facile, les combats se solutionnent par des QTE.
Mais en mode difficile, vous devrez choisir les parades et la direction de vos
coups. On sera donc vite tenté de choisir le mode facile, qui offre une belle
balade, plutôt qu’un mode difficile qui vous confronte aux
« caprices » du gameplay, évoqués plus haut.
Pour une bonne cause
Créée par Yann Arthus-Bertrand, GoodPlanet œuvre à la protection de l’environnement à
travers différents programmes et projets de terrain visant à préserver notre
planète. Et justement, la sauvegarde des abeilles, espèce menacée, fait partie
des préoccupations de GoodPlanet.
Cette implication pour la cause des abeilles va se
ressentir tout au long du jeu. Qu’il s’agisse de situations qui nous montrent
l’impact de l’homme sur cette micro-société, ou les nombreuses informations sur
les abeilles, délivrées généreusement lors des écrans de transition… On ne peut
pas jouer à Bee Simulator, et rester insensible à la cause de ces
insectes dont la disparition ne laisserait à l’Humanité que quatre années
d’existence, selon Albert Einstein.
Au final
Bee Simulator a
de bonnes idées, mais aussi de grosses lacunes. Cela signifie-t-il que le jeu
soit mauvais ? Non ! Du moins, je dois vous avouer que, si le jeu avait été
développé par un studio ayant dépensé le PIB du Danemark pour sa communication,
la note aurait sans doute été plus dure. Mais outre les qualités et les défauts
du jeu, ce test prend aussi en compte deux paramètres importants ! Tout
d’abord, nous avons affaire à un jeu qui se destine à un jeune public… Et par
ailleurs, il est développé par un studio qui est loin de disposer de la force
de frappe d’un triple A.
Au final, Bee Simulator est un titre
qui jouit d’un bon capital sympathie. Il est agréable, offre un voyage
dépaysant, tout en nous plongeant dans un univers que nous n’avons pas
l’habitude de voir dans un jeu vidéo… En nous intéressant à une petite voisine
essentielle pour l’homme, mais que nous connaissons si peu. Et c’est justement
sur sa pédagogie que Bee Simulator gagne aussi des points.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire