Qui sont les abeilles
solitaires ?
Au début, j’ai eu peur. Je me suis dit « Ouille, elle va
rameuter tout un essaim, et j’ai beau aimer les abeilles, je n’ai pas forcément
envie de les avoir juste à côté de ma fenêtre… Pour moi et aussi pour elles
(risque qu’elles rentrent dans l’appartement et s’enferment à l’intérieur…)
Ce n’est qu’ensuite que j’ai appris à connaître cette
abeille. Il s’agissait d’une abeille solitaire. Contrairement aux abeilles
sociales, qui vivent en essaim, les abeilles solitaires, ou abeilles sauvages
sont… solitaires !
90 % des abeilles sauvages n’ont pas de reine. Elles sont dites solitaires.
90 % des abeilles sauvages n’ont pas de reine. Elles sont dites solitaires.
Il existe des centaines d’espèces d’abeilles solitaires !
Plus ou moins grandes et velues, de couleurs variées…
Voici les principales abeilles solitaires que nous rencontrons
dans le jardin.
La megachile : abeille tapissière
Megachile est un genre très vaste, qui regroupe le plus grand nombre d’espèce. Elle se distingue par ses fortes mandibules, qui lui permettent de découper des feuilles pour constituer son nid. Son thorax est brun et velu, et sa partie inférieure rayée de noir. Les agriculteurs l’invitent à polliniser les champs de luzerne.
L’Osmie (osmia) :
abeille maçonne
L’Osmie est une espèce du genre Megachile. C’est l’une des
premières de la saison à apparaître (début mars). Elle pollinisera les premiers
arbres fruitiers bien avant que les abeilles sociales ne se réveillent ! On la
reconnaît à son corps trapu et velu, roux orangé strié de noir. L’abeille
maçonne est-elle dangereuse ? Non, elle ne piquera que si elle est réellement
en danger de mort, en dernier recours pour s’échapper d’une situation désespérée…
N’oubliez pas que pour les abeilles, piquer équivaut à une mort quasi-certaine
dans les heures qui suivent.
La Xylocopa violacea
: abeille charpentière
Elle se réveille également très tôt dans la saison. On la reconnaît à son
corps massif, noir bleuté. Elle pollinise les arbres fruitiers, les légumes
mais également les arbustes.
L’andrène, abeille
terricole
Toutes les abeilles ne nichent pas en aérien. Certaines habitent… dans la
terre ! Sans être organisées en ruche, elles vivent en communauté souterraine,
comme un petit village où chacune aurait sa maison. Un « tapis d’abeilles »
(c’est le terme officiel) peut rassembler plus de 1000 individus sur un mètre
carré ! C’est très impressionnant, mais inoffensif. Elles sortent en avril
quand les températures se radoucissent et vivent jusqu’à juin.
Quel est leur rôle
dans la pollinisation ?
Elles contribuent tout autant que leurs consœurs à la
pollinisation, et sont libres de tout engagement : elles ne sont pas élevées
par des agriculteurs pour produire le miel (comme les abeilles dites «
domestiques », Apis mellifera).
Certaines fleurs ne sont pollinisées que par les abeilles
solitaires, par exemple, l’orchidée ophrys abeille qui n’est fécondée que par
l’eucère, une abeille à longues antennes qui est la seule à se laisser duper
par la ressemblance de la fleur avec une abeille.
Elles ont un rôle complémentaire aux abeilles domestiques.
En quelle saison peut-on
les croiser ?
Elles butinent dès le mois de mars (et permettent donc la
pollinisation des arbres fruitiers) car elles supportent mieux les basses
températures. Le gros de leur travail est fini en mai.
Cependant, certaines races d’abeilles solitaires se
regroupes sous forme d’essaim pour les Andrena et Colletes) pour se reproduire.
Cette période dure quelques semaines au printemps. Le plus simple est alors de
les laisser tranquilles !
Les abeilles
solitaires sont-elles dangereuses ?
Non, comme leurs cousines, les abeilles solitaires
n’attaquent que lorsqu’elles sont agressées.
Si l’on devait décrire leur personnalité (au risque d’être
anthropomorphique) les solitaires sont même plus sympathiques et plus
peureuses.
Il faut plutôt les voir comme des mères célibataires de
famille nombreuses, qui font des aller-retour pour nourrir leur progéniture
jusqu’à ce qu’elle sont indépendante… pas le genre à vous chercher des noises !
Elles n’ont pas d’esprit de ruche, elles n’ont donc pas
d’instinct de sacrifice pour protéger la ruche, l’essaim ou le miel.
En outre, le dard des abeilles reste dans le peau
lorsqu’elles piquent, arrachant une partie de l’abdomen et entraînant en
général leur mort quelques heures plus tard. C’est pourquoi une abeille
solitaire n’attaquera jamais spontanément : ce serait mettre en péril sa lignée
dont elle est la seule à s’occuper.
Pour les abeilles solitaires, la sélection naturelle fait
son travail et réduit les chances de survie des abeilles les plus agressives…
Ce ne sont pas des guêpes !
Produisent-elles du
miel ?
Non… Leur principale activité est de construire un nid, d’y pondre, et d’y stocker de la nourriture pour les larves. Chaque grain de pollen est destiné aux larves.
Non… Leur principale activité est de construire un nid, d’y pondre, et d’y stocker de la nourriture pour les larves. Chaque grain de pollen est destiné aux larves.
Quel est le cycle de
vie de l’abeille solitaire ?
L’abeille solitaire cherche des petites cavités pour pondre
leurs œufs. Ce peut être de petites galeries formées par une cheville dans une
poutre, un trou dans du bois mort, des trous d’aération de fenêtre… Certaines
espèces sont capables de creuser elles-mêmes leurs nids, dans le sol, le bois
tendre.
Une fois la galerie repérée ou creusée pour la nidification, l’abeille solitaire y pond une petite dizaine d’œufs. Pour chaque œuf, elle dépose du pollen, de petits insectes et autres nourritures pour les futures larves, puis elle colmate le trou pour créer une loge fermée avant de pondre un autre œuf, et ainsi de suite le long de la galerie. On ne voit en général que le dernier « bouchon », mais il cache un véritable hôtel !
Une fois la galerie repérée ou creusée pour la nidification, l’abeille solitaire y pond une petite dizaine d’œufs. Pour chaque œuf, elle dépose du pollen, de petits insectes et autres nourritures pour les futures larves, puis elle colmate le trou pour créer une loge fermée avant de pondre un autre œuf, et ainsi de suite le long de la galerie. On ne voit en général que le dernier « bouchon », mais il cache un véritable hôtel !
Cet hôtel passera tout l’hiver fermé, puis, au printemps
suivant, les abeilles auront terminé leur développement larvaire et seront
prêtes à sortir.
La valeureuse abeille qui a pondu ne verra donc jamais ses enfants voler… Une abeille solitaire femelle vit en général 2 à 10 semaines, et un mâle… moins d’une semaine.
La valeureuse abeille qui a pondu ne verra donc jamais ses enfants voler… Une abeille solitaire femelle vit en général 2 à 10 semaines, et un mâle… moins d’une semaine.
L’abeille solitaire
est une héroïne silencieuse de nos jardins !
L’abeille solitaire porte seule la responsabilité de la
survie d’une dizaine de nouvelles abeilles : aidons-là !
Si elle ne produit pas de miel, cela ne signifie pas pour
autant que son apport à la nature est nul : on estime à 1,5 milliards d’euros
par an la valeur qu’apporte la pollinisation par les insectes… rien que pour la
France ! En réalité, le service qu’elles apportent à l’humanité n’est pas
quantifiable.
Qu’est-ce qui attire
les abeilles ? Les fleurs bien sûr, mais aussi les abris.
Un hôtel à abeilles solitaires (et autres insectes) permet
de leur fournir le cadre idéal pour s’installer. Vous pouvez le fabriquer
vous-même ou en acheter un tout prêt.
Parmi les hôtels à insectes, les nichoirs à abeilles
solitaires sont spécifiquement adaptés à leurs besoins. L’abri est constitué de
cavités creuses de diamètre adapté à la ponte des abeilles solitaires. Les
parois des cavités sont lisses (important pour ne pas déchirer leurs ailes).
Comment attirer les
abeilles solitaires ? Où le positionner pour attirer les abeilles ?
Lorsque les abeilles sont à la recherche d’un endroit pour
pondre, elles fouillent partout !
Il est néanmoins conseillé d’installer votre hôtel à insectes : à environ 1,5 mètre de haut, dos au vent, à l’abri de la pluie si possible avec la face « entrée » vers le sud ou le sud-ouest
Il est néanmoins conseillé d’installer votre hôtel à insectes : à environ 1,5 mètre de haut, dos au vent, à l’abri de la pluie si possible avec la face « entrée » vers le sud ou le sud-ouest
À la bonne saison, les premières abeilles arriveront dans
les 24/48 heures. Vous les verrez faire des aller-retour et commencer à remplir
quelques compartiments !
Héberger des abeilles
solitaires apporte-t-il des nuisances ?
Les abeilles arrivent une à une, et repartent dès que leur
tâche est terminée. Quand à l’éclosion, vous ne craignez rien : les abeilles
nouvellement nées se contentent de sortir et de faire votre vie ailleurs.
Vous ne risquez pas d’avoir une ruche, ni une colonie
entière d’abeilles « Tanguy » qui n’osent quitter le domicile !
Un abri pour abeilles permet justement de diminuer les
nuisances !
Face à la diminution de leurs habitats préférés, les
abeilles se tournent vers des alternatives moins heureuses :
Trous d’aération de fenêtre
Bois tendre d’une maison
Trous de chevilles (comme cela a été mon cas)
Mobilier de jardin
Prises électriques !
Leur proposer un habitat adapté, c’est aussi leur donner la
possibilité de vous laisser tranquille !
En conclusion
Les abeilles solitaires ne produisent pas de miel. Les
agriculteurs ont peu d’incitation à les aider. Elles voient leur habitat
naturel se raréfier mais jouent pourtant un rôle crucial dans la pollinisation
et la biodiversité.
Si vous avez la place d’installer une maison à insectes dans
le jardin, n’hésitez pas une seconde !
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