Sécrétion
des nourrices, la gelée royale est un aliment réservé à la reine et aux jeunes
larves. Comme pour les huiles essentielles, sa puissante efficacité résulte de
la combinaison de ses différents constituants.
Prenez un seul de ses éléments,
séparé des autres, et son efficacité spécifique ne fera probablement pas
d’étincelle. L’action conjuguée des différents composants d’un produit est ce
que l’on appelle la synergie.
Dans
le cas de la gelée royale, cette synergie permet notamment le bon
fonctionnement des défenses naturelles des abeilles (ou système immunitaire)..
Et
pour la reine, elle permet de plus une stimulation optimale de la fonction
sexuelle.
Ce qui n’est pas anodin lorsque l’on sait que la reine pond jusqu’à 2
000 œufs par jour et vit trente fois plus longtemps que ses ouvrières….
Le
revers de la médaille « gelée royale » est que ce produit est malheureusement
très fragile. Il peut en effet perdre rapidement de sa valeur et devenir
toxique. Selon son mode de récolte, de préparation et de conservation, la gelée
royale peut être un merveilleux apport pour la santé ou une substance douteuse
déclenchant des crises d’asthme ou des douleurs d’estomac. Il est donc
nécessaire de bien connaître ce produit afin de savoir choisir une gelée royale
« native » et non pas un produit altéré.
L’origine
de la gelée royale française
Quand
une ruche dépasse une population de 60 000 abeilles, une seule reine ne suffit
plus à assurer la cohésion de la colonie. Les abeilles se mettent alors en devoir
d’élever une nouvelle reine. Celle-ci va connaître une croissance express en
treize jours seulement. Quant à l’ancienne reine, elle partira avec son essaim
d’abeilles habiter dans un lieu nouveau : votre cheminée (à votre désespoir
probablement...), une ruche vide ou le tronc d’un arbre creux.
Mais
comment les ouvrières font-elles donc pour élire et élever une nouvelle reine ?
De
jeunes abeilles âgées de cinq à quinze jours, appelées fort à propos «
nourrices », se mettent à sécréter un « lait magique » provenant de glandes
spéciales situées dans leurs mandibules et à l’arrière de leur tête.
Attention
: ce lait est quasi strictement réservé à la reine ! Seules les très jeunes
larves d’abeilles ouvrières ont droit d’y goûter pendant les trois premiers
jours de leur existence, avant d’être nourries au banal régime « ouvrières »,
c’est à dire de pollen et de miel. Grâce à ce lait magique (vous l’aurez
compris : la gelée royale), la reine va croître deux fois plus vite qu’une
simple ouvrière.
Par
ailleurs, ses ovaires vont se développer totalement et, fait unique parmi les
abeilles, elle vivra cinq ans alors qu’une simple ouvrière ne vit que quelques
semaines. Cette substance porte ainsi à
elle seule toute la capacité de différenciation entre la reine, mère de la
ruche, très active, pondeuse infatigable, et les ouvrières, petites abeilles
femelles aux ovaires inactifs.
La
composition de la gelée royale française :
La
gelée royale est une des substances les plus riches que l’on puisse trouver
dans la nature. Elle contient une foule de substances actives :
de
l’eau active qui apporte une information de cohésion et de vie ;
des
protéines, des acides nucléiques (ADN, ARN) et des acides aminés, dont les huit
acides aminés essentiels, c’est à dire les briques de construction des
protéines qui constituent nos muscles par exemple, et que nous devons
absolument trouver dans notre alimentation ;
des
glucides (glucose et fructose principalement) qui donnent de l’énergie ;
des
acides gras, dont l’acide 10-HDA qui est antibactérien (il agit notamment
contre Proteus, Escherichia coli – une des bactéries des désordres intestinaux
-, Streptococus, Staphilococcus aureus - vous savez…. cette « saleté » de
Staphilocoque doré , et le bacille de Koch), mais également antifongique et
anti-germinatif, il est peut-être (excusez du peu) également antitumoral ;
de
nombreux minéraux et oligoéléments qui participent au bon fonctionnement de l’organisme
;
un
concentré vitaminique, surtout du groupe B, dont l’acide pantothénique ou
vitamine B5 qui aide à l’oxygénation des cellules, à l’activation des processus
métaboliques et est un retardateur du vieillissement (peau, cheveux, ongles) ;
de
l’acétylcholine naturelle : qui stimule notamment la sécrétion d’adrénaline,
tonique du système nerveux ;
des
hormones sexuelles ;
une
protéine appelée gammaglobuline qui stimule le système immunitaire ;
de
la royalisine (substance protéique) antibactérienne et antibiotique ;
de
la néoptérine qui lutte contre les maladies infectieuses ;
de
la gélatine (précurseur du collagène) qui assouplit la peau, aide à la
cicatrisation des os et de la peau ;
une
quantité d’autres facteurs : antiviral (herpès, grippe), immunostimulant,
favorisant l’activité des enzymes (foie), favorisant la production de globules
rouges et blancs (moelle osseuse), digestif, favorisant l’appétit et la prise
de poids, favorisant la baisse du cholestérol, analgésique (douleurs
rhumatismales), régénérant de la flore intestinale.
La
gelée royale est définitivement un « super-aliment ».
La
récolte de la gelée royale française
Pour
que les abeilles fabriquent de la gelée royale, il est nécessaire de mettre en
place des ruches spéciales.
Certains
procédés intensifs, utilisés en particulier en Chine, consistent à éliminer la
reine et à pousser en permanence les abeilles orphelines à produire de la gelée
royale en leur donnant en toute saison des jeunes larves et de la nourriture artificielle
(sucres, protéines).
Pas
très « sport », ni surtout éthique, vous en conviendrez…
De
plus, cette méthode ne peut, selon nous, donner les mêmes résultats qualitatifs
qu’un élevage naturel. N’oublions pas que la gelée royale est un produit très
fragile, et qu’elle est ainsi notamment sensible au stress des nourrices.
Par
des pratiques d’apiculture douce, nous veillons à la qualité de la nourriture
des abeilles et, bien sûr, à leur bien-être. Les abeilles butinent librement
les fleurs et consomment du miel et du pollen.
Bref…
Elles vivent leur vie normale d’abeille. Et cela influe positivement (est-ce
vraiment une surprise finalement ?) sur la composition et donc la qualité de la
gelée royale récoltée.
Les
pratiques de l'apiculture douce ou sauvage respectent également la vie et le rôle de la reine au sein de sa
ruche : elle y est présente et continue sa ponte. L’élevage des nouvelles
reines se fait dans une autre partie de la ruche dans laquelle on introduit un
cadre porteur de cupules (des « mini coupes ») permettant aux nourrices
d’élever de nouvelles reines et d’y sécréter quelques milligrammes de gelée
royale. C’est cette gelée qui est récoltée, généralement tous les trois jours
d’avril à juillet.
Ces moments de récolte correspondent en fait à la période naturelle d’élevage
pour les abeilles. Inutile de dire que c’est un travail extrêmement précis, qui
demande un véritable savoir-faire. De plus, du fait de sa fragilité, la gelée
royale doit être récoltée dans de parfaites conditions d’hygiène. Cela concerne
à la fois les mains de l’apiculteur ou de l’apicultrice, mais également les
outils nécessaires à cette récolte.
Nous
avons vu comme la gelée royale était produite en Chine. Pour vous en dégoûtez
définitivement, intéressons-nous à la façon dont la gelée royale d’Asie est
conditionnée pour pouvoir finir dans les rayons des magasins peu regardant, et
des pharmacies…
Pour
le conditionnement de la gelée royale provenant d’Asie, les conditionneurs
achètent de la gelée royale congelée (évidemment puisque elle vient de loin)
qu’ils décongèlent pour la mettre ensuite en pot. Pour sa conservation, on injecte
dans le récipient un gaz inerte qui va bloquer tous les processus naturels
d’évolution du produit. Cette technique, de plus gourmande en énergie, n’est
pas des plus propices (doux euphémisme !) pour conserver la qualité « vivante »
de ce produit extraordinaire…
Nous
considérons pour notre part qu’il est de très loin préférable de consommer de
la gelée royale fraîchement récoltée en provenance directe de l’apiculteur, ou
à défaut de la gelée royale conservée au maximum une année au réfrigérateur (+
4 °C), pour pouvoir bénéficier de tous ses bienfaits.
Le
mélange de 2 % de gelée royale fraîche dans du miel permet aussi une très bonne
conservation de ce produit et cette préparation est d’ailleurs tout à fait
indiquée pour les personnes sensibles.
Comment
s'assurer de la qualité de la gelée royale française
Le
premier critère est sans aucun doute sa fraîcheur. Évitez de choisir un produit
congelé ayant subi de longs transports. Évitez également toute présentation
trop transformée : lyophilisation, mise sous gaz, comprimés... Les éléments
vitaux de la gelée royale sont fragiles : ils ne résistent pas aux différentes
transformations ! Si vous en avez déjà goûté, vous savez que le goût de la
gelée royale est surprenant : il évoque le goût du miel mais peu sucré et plus
acidulé. Une gelée royale de mauvais goût, insipide ou très piquante, est à
ranger où elle se doit de l’être : à la poubelle !
Il
existe de nombreux producteurs de gelée royale en France et en Europe. Le
groupement des producteurs de gelée royale française (GPGR) fait un très gros
travail pour développer la qualité et permettre l’installer de jeunes
producteurs. Pensez-y lors de votre prochain achat de ce produit extraordinaire
!
Bon
à savoir
Le
label bio AB souvent apposé sur la gelée royale ne mentionne pas la provenance
de la gelée royale et ainsi, tout en étant bio, elle peut venir de Chine, avoir
été congelée et décongelée plusieurs fois, avec un bilan carbone élevé, une
main-d’œuvre sous-payée...
De plus selon le cahier des charges de ce label les produits labellisés peuvent contenir jusqu'à 5% trucs non bio ...c'est donc plus un label mercantile que véritablement sécuritaire pour la qualité des produits. Je n'accorde aucune crédibilité à ce label, il indique juste que les produits sont un peu moins toxique que chez Nestlé ou Nutella .
Extraits du livre "l'apithérapie" de Catherine Flurin aux éditions Eyrolles